[Passé Sann/Scylla] La rencontre dans une forêt perdu dont on ignore le nom...

Il faisait jour dans la forêt où Sann marchait depuis quelques heures à la recherche d'une quelconque sortie qui pourrait l'amener dans un endroit peuplé où elle pourrait manger et dormir. Il faisait plutôt chaud et la sueur collait ses bandages à sa peau, elle marchait d'un pas las et sa gorge était sèche.

"Putain... J'donnerai n'importe quoi pour de l'eau..."

Cela faisait plusieurs jours qu'elle avait quitté le village où elle avait passé 7 ans de sa vie avec l'homme qu'elle avait aimé. Maintenant que tout était détruit, elle avait prit la décision de fuir vers d'autres endroits, à la recherche d'un quelconque moyen pour tuer la Reine Sans-Nom qui avait ruiné sa vie, ses espoirs et ses rêves. Mais dans cette situation, épuisée, assoiffée, fatiguée et affamée... Sann en avait plus rien à faire de la Reine et elle voulait juste se reposer et reprendre des forces. Malgré ça, plus elle avançait dans cette immense forêt, plus elle avait l'impression de raccourcir sa vie parmi les branches, les feuilles, les insectes rampants, les bruits pas très rassurants et le soleil qui tapait très fort sur sa peau pâle qui attrapait vite les coups de soleil.

Plus elle avançait et plus la forêt semblait broussailleuse. Elle avait l'impression qu'elle n'en sortirait jamais, ou alors quasiment morte. Le pied de Sann se prit dans une racine et elle tomba malencontreusement dans un buisson.

"Et merde..."

Elle sentit une branche pointue lui rentrer dans les côtes et entendit un cri d'animal venant du dit végétal... Quelque chose lui griffa le dos et elle hurla de douleur avant de s'extraire d'un bond.

"J'en ai marre !"

Sann se retourna et elle vit un blaireau fuir en courant du buisson.

"Tu t'en sortira pas comme ça, saloperie de blaireau de mes deux !"

La jeune femme se jeta à la poursuite de l'animal brandissant sa hache.

"CREVE ENFLURE !"

Elle courut un long moment après l'animal qui manifestement, courrait plus vite qu'elle, et elle tomba à nouveau au sol, lâcha sa hache quelques mètres plus loin et laissant fuir la vile bestiole. A quatre pattes sur le sol, elle reprenait son souffle et jurait que si un jour elle croiserait à nouveau Monsieur l'Enfoiré de Blaireau, elle se servirait de ses intestins pour se faire de nouvelles boucles d'oreilles. Promesse qu'elle décida de finalement oublié lorsqu'en relevant la tête, elle se retrouva face à une rivière claire au beau milieu des bois.

"Grand Dieu des Blaireaux je te remercie..."

Ce n'était pas totalement grâce au blaireau qu'elle s'était retrouvée là mais si elle n'avait pas coursé l'animal aux sombres intentions, elle ne serait pas tombé pile à côté d'une rivière. Sann se précipita dans l'eau, jetant son sac sur le côté et elle se débarassa de ses bandages pour en mettre de nouveaux. Elle en avait un stock dans son sac. Elle buvait et se nettoyait, cela n'apaisait pas sa faim mais elle se sentait déjà mieux... En plus l'eau était un peu comme son élément naturel...

Soudainement, elle entendit un bruit vers un tronc d'arbre qui bordait la rivière...

Le début de la journée avait été éprouvante pour Scylla. D'abord il n'avait quasiment pas dormi à cause de sa voisine la chouette qui hululait ses déboires en pleine nuit à qui voulait bien l'entendre, et en l'occurrence, à Scylla qui dormait dans l'arbre juste à côté. Quand les rayons du soleil apparurent entre les feuilles des arbres, Scylla se résolut à avoir peu, voir pas dormi de la nuit et se leva pour la journée. Le trou dans son arbre se trouvait à la troisième branche au dessus du sol, il en descendit donc et sauta par terre. Au pied du tronc se trouvais un tas de feuille qu'il s'empressa de soulever pour laisser apparaître un assortiment de nourriture: des baies, des racines, un poisson qu'il allait vite jeter, parce que vu l'odeur, il ne tenterait même pas de le manger.

Il ramassa les grosses baies rouges violacées attachées ensemble à une grappe et les mangea en se dirigeant vers la rivière d'un pas guilleret. C'était l'heure de sa toilette, et il en avait besoin, parce qu'après son petit-déjeuner, il avait du jus violet plein la bouche et les mains. Près de la rivière il trouva un blaireau mal luné qui grognait en se lavant les pattes dans l'eau. Ça c'était particulier, se dit-il. Il prit le temps d'enterrer les graines de baies dans le sol près d'un arbre et alla se plonger dans l'eau. Elle était plutôt chaude ce matin et il en profita pour plonger dedans et éclabousser sans faire exprès le blaireau, qui s'enfuit en râlant de plus belle.

Scylla descendit la rivière et se laissa porter par le courant sur quelques mètres, puis s'accrocha au gros tronc qui lui servait généralement d'observatoire/plongeoir/jetée. S'y accrochant, il se hissa par dessus et se secoua les puces, envoya des gerbes d'eau dans tout les sens puis attrapa ses longs cheveux et les posa sur ses genoux, histoire que les poissons ne s'accrochent pas dedans.

Quelques minutes passèrent avant qu'il ne voie débarquer... Quelque chose. Il ne savait pas ce que c'était. Ca bougeait, ca avait quatre patte et ça marchait sur les deux de derrière, des cheveux comme lui mais foncés, ça buvait à la rivière et faisait des choses bizarres.

C'était... C'était, une chose comme lui! Lui qui pensait être un bâtard où une espèce unique condamnée à vivre seul! Son naturel curieux le poussa à descendre de son tronc et s'approcher de la 'chose'. Il s'arrêta au milieu de la rivière, là où il avait pied, s'accroupit dans l'eau jusqu'à ce que seul le haut de son visage ne dépasse et l'observa alors que l'autre de son espèce ne l'avait pas vu.

Il attendit et fixa la 'chose' avec ses grands yeux si particuliers.

Sann cru avoir une crise cardiaque lorsqu'elle tourna la tête vers le tronc.

Non loin d'elle, au beau milieu de la rivière, se trouvait un enfant. Ou une enfant, de là elle ne voyait pas très bien. L'enfant la fixait avec ses grands yeux bleus, il avait une chevelure très longue, blonde et emmêlée. Sann sortit de l'eau et attrapa sa hache. C'était un enfant, certes, mais il avait quelque chose de bizarre comme ces cornes sur la tête et... Une queue... De dragon.

Sann n'avait jamais vu de dragons et il était certain qu'elle ne les avait pas imaginé ainsi... Elle réfléchit un instant mais ne se posa pas plus question sur l'identité de l'enfant. Elle retourna dans l'eau, traînant sa hache derrière elle, et s'approcha du ptit blondinet.

"Hey, gamin !"

Elle était à présent juste en face de lui, il était vraiment tout petit, il devait lui arrivé au niveau de la poitrine, un peu plus en dessous. Sann s'accroupit alors pour se mettre à sa hauteur et le regarder dans les yeux.

"Dis moi petit... Tu saurais où se trouve tes parents ? Un village par hasard ?"

Sann observa le garçon. Il ne répondait pas. Elle s'énerva.

"Tu vas l'ouvrir ta putain d'bouche ?"

Sann fit la grimace. Elle ne devrait ptête pas parler ainsi à un enfant... Elle allait peut-être l'effrayer. Mais non, le gamin restait là, silencieux, à la fixer. Il était tout nu, et c'était bien un garçon. Sann lui pinça gentiment la joue et tenta l'approche de la gentille dame qui veut faire copain avec lui.

"Hey Gamin... Tu vas bien ? T'es tout seul ?"

Elle passa sa main sur la joue du garçon et lui fit un grand sourire amicale, un peu forcé car elle n'était pas habituée à être aimable... Mais le garçon ne répondit toujours pas. Elle soupira et se releva.

"Mais putain, t'es qui toi ? Sale gosse..."

Du coup elle abandonna et fit chemin inverse en haussant les épaules. C'était peut-être un faux gamin, une poupée... Bien réalisée, certes, mais ça l'énervait de parler à un mur. Sann retourna à ses affaires et essora son pantalon...

Ça parlait! La chose parlait! Enfin... Ça émettait des bruits, des sons étranges qu'il ne comprenait pas. La chose aux poils foncés le rejoint dans l'eau en traînant un... Un truc énorme derrière lui.
Si Scylla avait appris quelque chose en vivant tout seul dans la forêt, c'était bien de rester immobile quand un autre animal approchait. Surtout quand c'était un ours ou un chat sauvage. Alors il attendit, toujours accroupi dans l'eau, de sorte que l'autre ne voie que ses grands yeux qui ne cille pas.

La chose s'approcha encore et se mit à sa hauteur. Elle émit des bruits que le pauvre petit ne comprenait pas et faisait des gestes. Elle lui pinça le visage et Scylla retint son souffle. Ça avait la peau chaude. Peut-être que la chose allait le manger? Ils étaient peut-être de la même espèce mais celui-ci était peut-être exclusivement carnivore. Enfin il pouvait finir sa vie maintenant, après tout, il avait enfin rencontré un autre de son espèce.
De près, comme ça, le garçon pouvait voir mieux la chose. S'étant déjà vu en reflet dans des flaques d'eau ou des plaques gelées en hiver, il savait à quoi il ressemblait, et se dit que la chose lui ressemblait beaucoup, quand même. Elle avait de jolis yeux marrons très brillants et une peau très pâle, mais pas d'écailles. Et... Son corps était recouvert de choses qui ressemblaient à des feuilles mais ça n'était pas ça, c'était sûr, il n'avait jamais vu de feuilles avec des formes aussi étranges.

Quelque chose étonnait fortement Scylla. La chose n'avait pas de corne sur la tête, pas plus que de queue, et de ce qu'il pouvait voir, pas d'écailles non plus. Juste cette chose étrange qu'elle traînait derrière elle. C'était peut-être une autre espèce finalement?
Apparemment l'autre abandonna peu importe ce qu'il voulait faire et reparti en sens inverse jusqu'à la rive sur laquelle il remonta. Scylla continua d'observer et finalement sa curiosité l'emporta sur l'instinct de survie. Il s'avança aussi jusqu'à la rive et se planta derrière la chose qui faisait des gestes toujours aussi bizarres. Il tendit la main et attrapa une des feuilles-qui-n'en-sont-pas qui recouvrait sa jambe et tira dessus. C'était froid et mouillé. Et c'était doux. Il n'avait jamais touché quoi que ce soit de pareil. Il leva la tête et croisa le regard de la chose qui le regardait assez bizarrement.

Il était assis par terre, de l'eau jusqu'au côtes, regardait l'autre et attendit que quoi que se soit se passe.

Sann sursauta brusquement en sentant quelque chose tirer sur son pantalon alors qu'elle se l'essorait. Elle se retourna et vit alors le sale gosse en admiration devant le tissu marron. elle haussa un sourcil.

"C'est quoi ce bordel ?"

Sann se demanda un instant si le gamin n'est pas drogué. Elle avait ouïe dire qu'il y avait un trafic d'opium dans le coin, peut-être que le gosse en avait abusé... Ou alors qu'il était alcoolique, qu'il avait piqué les bouteilles de son père et sous l'effet de l'alcool avait courut tout nu dans la forêt...
Le gamin releva la tête et leurs regards se croisèrent. Sann s'accroupit pour se mettre à nouveau à sa hauteur. Elle prit le tissu des mains du garçon, doucement pour ne pas brusquer le peut-être drogué de gamin, et dit :

"Pan-ta-lon"

Autant lui apprendre un mot, peut-être que ça lui rappellera comment parler. Mais le gosse ne réagit pas plus.

"Putain... Mais t'es quoi ? Muet ? Sourd ?"

Elle lâcha le tissu et réalisa que sa question était stupide étant donné que si la réponse était positive, il ne saurait le dire. Sann se releva et attrapa son sac d'où elle sortit un t-shirt qu'elle ne mettait pas car elle trouvait ça encombrant pendant les combats. Elle s'approcha du gamin et lui enfila le t-shirt, qui était blanc, c'était un peu grand mais ça allait. Ça lui faisait une robe... Puis elle se souvint de la queue du gamin, elle attrapa une de ses dagues et fit un trou dans le dos du t-shirt, en bas, pour y faire passer la queue. Puis Sann se recula et observa son "œuvre".

"Voilà... Ça te plait ?"

Sann soupira.

"Mais pourquoi je fais ça d'ailleurs ? Aller, j'me casse maintenant. Adieu gamin..."

Sann remit son sac sur son épaule, sa dague sur sa ceinture et attrapa sa hache avant de rebrousser chemin, laissant le gosse où il était.

Pantalon.

C'est comme ça que la chose avait dit que la feuille s'appellait? Ou peut-être était-ce la matière? Elle avait piqué la curiosité intuitive du garçon. Il tenait toujours la feu- le pantalon, mais la chose lui fit lâcher prise. Au moins il avait appris comment se nommait cette matière fantastique qui tenait chaud et qui était douce et qu'on ne trouvait évidemment nul part dans sa forêt. Quelle chose stupéfiante, se dit-il.

Alors la chose se releva et se retourna, fouilla dans une autre chose qui ressemblait au pantalon et en sorti encore une autre chose qui ressemblait aussi au pantalon, mais qui n'en était à l'évidence pas un. Ça n'a pas la même forme. Ni couleur. Alors l'autre fit quelque chose d'extraordinaire. Elle passa le pantalon-qui-n'en-est-pas-un par dessus sa tête blonde et la fit passer par un trou, de sorte que ça tienne sur son corps. Ses bras passèrent dans deux autres fentes pour qu'il puisse les bouger. Elle rajouta même un trou pour que sa queue puisse bouger librement. C'était... C'était magique. Il regarda l'autre avec de grand yeux étonné. Assurément, elle n'allait pas le laisser garder cette matière fantastique? Elle allait lui reprendre et puis c'est tout? Mais non, elle ne lui dit que des choses qu'il ne comprit toujours pas, et puis ramassa ses affaires et reparti en sens inverse.

Scylla était perplexe. Qu'est-ce qu'il s'était passé exactement? La chose là, lui avait montré le pantalon et puis lui avait offert une autre chose qui y ressemblait beaucoup et le laissait le garder et soudainement, elle repartait, comme ça? Non, Scylla ne pouvait pas y croire. Il se dit que peut-être, l'autre voudrait bien lui enseigner de nouvelles choses, et qu'il comprendrait sa langue? Peut-être qu'il pouvait la suivre et... Le petit garçon prit cette idée très a cœur. Il retourna dans l'eau, traversa la rivière en sens inverse, fonça jusqu'à son nid, attrapa son Lapis et revint juste là où il avait croisé la créature. Il regarda frénétiquement des deux côtés et s'enfonça dans les buissons sur la rive. Il chercha pendant longtemps, le soleil avait déjà tourné d'un quart et on ne le voyait plus au dessus des arbre. Sa recherche le mena enfin à côté d'un très grand chêne, sous lequel la créature se trouvait. Elle n'avait pas l'air contente et faisait encore des gestes bizarres en direction des feuilles de l'arbre.

Le petit blondinet alla jusqu'à l'autre et se planta à côté d'elle. Il attrapa encore son pantalon (c'était un très joli mot, avait-il décidé) et tira dessus. Quand la chose se retourna, il la regarda avec des yeux dégoulinant d'admiration.

Sann était donc repartie. Elle se retourna un instant et vit le gamin qui partait en courant à contre sens. Elle haussa les épaules et continua d'avancer.
Sann en avait marre de cette forêt, elle ne savais plus où aller. Elle était crevée, elle avait faim et elle avait l'impression que la forêt faisait pousser des arbres en quelques secondes juste pour l'énerver.

"Depuis quand il est là ce foutu chêne ?"

Sann avait l'impression de tourner en rond. Elle s'assit alors contre le chêne et leva les yeux vers les feuilles.

"Au moins, les arbres ça mord pas..."

Grossière erreur que de penser que les arbres étaient inoffensifs, surtout dans ces jours où on a l'impression que tout se tourne contre vous. Ces jours où tout devient une énorme conspiration juste parce-que vous avez osé vous réveiller ce matin...
Et oui, l'arbre attaqua Sann. Tout d'abord ce fut une feuille qui tomba sur elle... Pas bien grave jusque là, mais une branche osa cogner sa tête pile au moment où elle arrivait à s'endormir. Sann se redressa brusquement en pestant.

"PUTAIN DE MERDE ! Qu'est-ce que t'as ? Tu veux te battre ? J'pourrais te couper en deux si j'voulais alors fais pas le con !"

Sa colère à présent dépensée, Sann soupira en se trouvant idiote et posa sa main sur le tronc, l'autre sur sa hanche, observant les alentours, mais quelque chose de visqueux sur sa main détourna son attention.

"Bordel..."

Elle retira sa main du tronc et constata qu'elle l'avait posé en pleins dans la sève de l'arbre.

"Mais putain... TU FAIS CHIER !"

Elle attrapa sa hache et s'apprêta à frapper un bon coup contre le pauvre végétal innocent quand un petit coup sur son pantalon l'arrêta. Stoppée dans son arrêt, Sann tourna la tête et croisa le regard admiratif du garçon. Elle cligna des yeux, il y eut un instant de silence puis elle posa son arme et se tourna totalement vers l'enfant.

"Quoi ? Tu veux mon pantalon ?"

Elle soupira et s'assit dans l'herbe et contre l'arbre à nouveau.

"J'te le donnerai pas, gamin..."

Le ventre de Sann fit alors un énorme grognement.

"Meeeeerde..."

L'autre dit le mot magique, et surtout le seul que Scylla connaissait de sa langue. Il ne comprit évidemment pas le reste de la phrase mais l'entente du mot le fit sourire. L'autre par contre ne souriait pas et s'étala par terre contre le tronc. Pas plus tard que 2 secondes après, son ventre émit un gargouillis bizarre que le petit garçon reconnut pour avoir l'habitude de l'entendre, les jours où il n'arrivait pas à attraper de poissons ou de petits animaux et que les baies étaient toutes tombées des arbres.

Il tiqua et reparti en sens inverse en courant, jusqu'à la rivière. Une fois là-bas, il posa sa pierre à l'abri sur la rive et alla dans l'eau, s'arrêta au milieu du lit et attendit. Son corps commença petit à petit à disparaître dans l'esprit des poissons, et toutes ces créatures se remirent à nager paisiblement. Il en attrapa une, deux, trois, les balançant sur la rive à chaque fois, profitant qu'elles ne puissent voir sa présence. Puis une fois fait, il reprit sa pierre et traîna le tas de poisson (encore frétillants pour la moitié) jusque sous le chêne où se trouvait toujours l'autre créature. Qui le regardait encore bizarrement.

Il ne compris pas la signification de ce regard, mais ramena toutes les bestioles à côté du tronc et s'accroupit en observant la réaction que provoquerait son 'offrande' chez l'autre. Peut-être lui donnerait-elle un autre pantalon?

Le gamin partit à nouveau en courant. Sann resta perplexe.

"C'est quoi son problème ?"

Sann soupira encore et encore. En tout cas, elle avait décidé de faire une halte ici. L'ombre du grand chêne la rafraichissait un peu. Elle somnola un instant. La forêt était devenue silencieuse étrangement, juste le bruit de quelques animaux et... Les pensées de Sann s'arrêtèrent à cause d'un bruit.
Elle ouvrit les yeux.

"Putain ! C'est quoi ça ?!"

Sann observa le tas de poisson, puis le gamin.

"C'est toi qui a pêché ça ? Ouah ! Je suis impressionnée !"

Elle faisait un grand sourire et elle était tellement contente qu'elle fit un bisou sur la joue du gosse.

"T'es cool, mec !"

Sann se leva alors et prit des brindilles sèches.

"Tu vas voir, je vais cuisiner un truc de ouf"

Elle apporta des brindilles qu'elle mit en tas, puis elle prit deux poissons qu'elle ouvrit pour enlever les arêtes et prit ses deux dagues sur lesquelles elle planta un poisson. Elle prit un autre morceau de bois, cracha dans ses mains et le mit au centre du tas de brindilles.

"Regarde, je suis une pro pour faire du feu !"

Elle fit tourner le bâton sur lui-même et HOP un feu s'alluma. Puis elle prit ses dagues et les mit au-dessus du feu pour faire cuire l'animal. Sann sursauta en voyant le gamin fuir derrière un rocher à la vue du feu. Elle éclata de rire et regarda le gosse en disant :

"Chuis sûre que t'as jamais fait ça de ta vie, hein ? Reviens !"

Une fois bien cuits et un peu dorés, elle garda un des poissons pour elle et tendit l'autre au gamin.

"Tiens ! Mange !"

Le gosse prit la dague et Sann souffla sur son poisson plusieurs fois avant de commencer à le manger.

Bon, ça s'annonçait bien, la créature avait l'air d'apprécier son 'offrande'. Elle lui toucha la joue avec son visage. il supposa que cela voulait dire qu'elle était contente, comme Mère Dragon le faisait à lui et ses frères.

Il la vit découper le poisson avec une de ses longues choses bizarres, encore quelque chose qu'on ne trouvait pas dans le coin, quoi qu'il en ai vu dans la grotte de son enfance, parmi les trésors de sa Mère, mais les siens était beaucoup plus gros et avec pleins de pierreries dessus. Apparemment c'était dangereux, parce qu'avec ses doigts, il ne réussissait jamais à couper les poissons comme ça. Elle en retira les arêtes, les organes et tout ce qui n'était pas comestibles et prit un bâton.

"Regarde, je suis une pro pour faire du feu !"

Elle lui dit encore quelque chose qu'il ne compris pas. Et puis soudain, de grandes flammes rouge orangées surgirent des bouts de bois. Le pauvre Scylla fut traumatisé et courut se cacher derrière un gros rocher non loin de là. Il leva la tête au dessus de la pierre, les yeux brillants de larme et la lèvre inférieur tremblotante. Il se rapprocha du truc rouge lorsque l'autre créature lui tendit un poisson qu'elle avait laissé au dessus. A l'intonation de sa voix, Scylla déduit que la chose rouge qui émettait de la chaleur se disait 'feu' dans l'autre langue. Mère dragon en crachait lorsqu'elle était en colère...

Il prit ce qu'on lui tendait et le renifla longuement, tout en l'observant sous toutes ses coutures. C'était un poisson, certes, mais ça n'avait pas la tête habituelle. C'était plus brillant, et croustillant... Et chaud, surtout. Il le renifla encore une fois et croqua dedans. Son visage s'illumina. C'était la meilleure chose qu'il avait jamais mangé! Il dévora le reste à pleines dents, et continua à grignoter la lame lorsqu'il n'y eut plus de poisson. C'était tout de suite moins bon que le poisson...

Sann observa le gosse en mangeant doucement son poisson. Elle était amusée, il avait vraiment un air primitif. Elle l'observa grignoter la lame.

"Non !"

Elle attrapa la dague qu'il avait dans ses mains et prépara un autre poisson qu'elle mit sur la dague avant de le faire griller.

"On mange pas les lames ok ? Ca peut faire mal !"

Sann tendit le nouveau poisson grillé à l'enfant et finit son poisson avant de montrer au gamin que la dague était dangereuse. Elle s'entailla le bras et lui montra la blessure en prenant un air grave.

"Sang"

Le sang coulait le long de sa bras mais elle s'en fichait un peu, c'était pas la première entaille qu'elle avait sur le corps.
Sann se mit à côté du gamin. Il était temps pour elle d'essayer de savoir son nom... Ça n'allait pas être de la tarte. Elle montra son pantalon et dit :

"Pan-ta-lon"

Puis elle montra son sang et dit :

"Sang"

Et enfin elle mit sa main sur sa poitrine pour dire :

"Sann"

Sann le regarda dans les yeux en espérant qu'il avait compris. Elle répéta à nouveau son prénom et lui fit un sourire. Puis elle mit sa main sur la poitrine du gamin et attendit qu'il dise quelque chose, d'un air interrogatif.

La lame s'envola de ses mains alors qu'il essayait de grignoter les dernières miettes de son repas. Il fit une mine boudeuse. La créature venait de lui dire 'Non'. Ca devait vouloir dire que ça n'était pas bien. Il ne compris pas le reste. Elle y remit un poisson qu'elle passa dans le feu et lui retendit la lame. Il recommença à manger, en écoutant parler l'autre. Puis elle s'assit à côté de lui et lui dit des mots. Il comprit tout de suite qu'elle essayait de lui enseigner l'autre langue, et s'appliqua à ecouter et enregistrer tout ce qui sortirait de sa bouche et qu'il soit en mesure de comprendre.

Elle lui indiqua le liquide rouge qui gouttait de sa peau comme étant du 'sang'. Ca, il en avait déjà vu après s'être pris des coups de griffes ou de dents d'animaux mécontents.
Elle redit le mot 'pantalon' et puis à nouveau le mot 'sang'.

Elle lui indiqua enfin qu'elle s'appelait Sann, lui semblait-il. Il reconnut le geste que faisait Mère Dragon lorsqu'elle annonçait quelque chose. Il retiendrait. Sann posa ensuite sa main sur la poitrine du garçon, et le regarda, comme si elle attendait une réponse. Le problème, c'est qu'il ne pouvait pas parler...

Il la regarda longuement, de ses grands yeux bleu pâle qui ne cillent pas, ouvrit la bouche et... Rien. Il referma la bouche et la rouvrit et finalement la referma puisqu'il ne pouvait de toute façon pas émettre un quelconque bruit.
Il pointa sa bouche et puis sa gorge, entrouvrit ses lèvres, laissant apparaître ses canines plus développées que la moyenne et referma la bouche, reposa sa main sur ses genoux.

Sann observa les gestes du garçon. Elle soupira, cette fois elle en était sûre, il est muet. Elle se recula et se remit à sa place.

"Et merde"

Elle observa le gamin. Sann allait lui donner un nom, autant pouvoir le nommer. Il avait une queue, des cornes et des écailles... Elle se demandait bien pourquoi d'ailleurs mais ce gosse avait l'air à moitié dragon... Sann fit la grimace en imaginant ses parents biologiques le jour où ils ont crée le gosse.
Elle se remit à côté de lui après avoir pensé à comment l'appeler.

"Ecoute... Euh ..."

Elle mit sa main sur sa poitrine en disant :

"Sann"

Puis elle remit sa main sur la poitrine du gamin et eut un instant d'hésitation avant de dire :

"Drai ?"

Bon c'était vraiment moche comme prénom s'était-elle dit après réflexion. Elle haussa les épaules, après tout il n'avait qu'à pas ressembler à un dragon. Et toc. Tant pis s'il n'aime pas...
Elle retourna à sa place et prépara d'autres poissons. Elle avait une faim de loup et il lui fallait reprendre des forces. Sann avait hâte de sortir de la forêt et de trouver un vrai endroit pour dormir et pour manger. Tant pis si elle devait abandonner Drai dans la forêt, elle doutait qu'il la suivrait. Et puis Sann n'avait pas spécialement envie d'être suivie, elle veut juste tuer une Reine c'est tout.
Après avoir mangé deux poissons de plus, elle bailla et dit :

"Dormir !"

Puis elle s'allongea sur les feuilles, son sac en guise d'oreiller.

Draï? Comment ça Draï? Ça voulait dire quoi, d'abord? Elle lui avait donné un nom?... Mais ça voulait dire quoi? Apparemment Sann ne fit pas un drame du nom qu'elle avait donné à Scylla car elle retourna à sa cuisine. Les petites roues dans la tête de Scylla continuèrent à tourner en grinçant pendant la cuisson de la nourriture et il en avala encore un autre (c'était tellement bon).

Et puis soudain, Sann annonça que c'était l'heure de 'dormir', il en déduit logiquement ce que cela impliquait, puisque le soleil n'était plus visible du tout, et la seule lumière visible à 20 mètres était celle du 'feu'. Par précaution, et parce qu'il savait que cela attirerait les bêtes sauvage (c'aurait été idiot de se faire attaquer par un ours sauvage au milieu de la nuit), Scylla recouvrit le feu de terre avec sa queue jusqu'à l'éteindre, sans pour autant bouger de sa place. Sann s'était allongée par terre, la tête posée sur l'autre chose comme le pantalon.

Quelques minutes passèrent pendant lesquelles le petit garçon resta là assis en tailleur sur le sol, à fixer les braises rougeoyantes pas encore refroidies.

Au milieu de la nuit, une bête hurla quelque part et Scylla décida qu'il ne servirait à rien d'attendre toute la nuit comme ça, sans rien faire. Cela faisait plus de deux heures que Sann s'était endormie, ça s'entendait à sa respiration. Il entreprit donc de squatter à côté d'elle et se colla dans ses bras, au chaud.

Il ferma ses grands yeux bleus et s'endormit comme une masse.

Sann se réveilla doucement... Avec quelque chose entre les bras. Elle plissa les paupières, c'était quoi ce truc ? Elle se redressa lentement, doucement, et ouvrit les yeux petit à petit. Puis elle écarquilla brusquement en réalisant que c'était le garçon qu'elle avait nommé Drai qui était entre ses bras.

"Putain... C'était pas un putain d'rêve..." murmura-t-elle avant de bailler légèrement.

Le garçon dormait toujours. Délicatement, elle le poussa de contre elle, l'allongeant sur le sol. Elle l'observa un instant et soupira.

"C'est ici que nos chemins se sépare, petit..." dit-elle toujours tout bas pour ne pas le réveiller avant d'attraper son sac, sa hache et de partir, tant pis pour le gamin. Elle n'avait pas l'intention de le garder, après tout il devait bien avoir des parents quelque part.

Elle marcha dans la forêt, au matin et à moitié endormie, ça semblait irréel. Il n'y avait pas un bruit à part le craquement des feuilles sur lesquelles elle marchait.

"C'est quoi ce bordel... Les oiseaux font la grasse mat' dans cette foutue forêt ?"

Sann s'arrêta et regarda autour d'elle. Elle détestait les forêts, à l'avenir elle éviterait de les traverser. Ça n'allait pas être tache aisée... Elle se demanda un instant si Drai était réveillé et s'il allait s'en sortir tout seul.

"A quoi je pense ? C'est qu'un foutu gosse"

Elle haussa les épaules et se remit à marcher. Après quelques temps de marche, elle se retrouva dans une grotte...

"C'est quoi cette connerie ? Qu'est-ce que je fous là ?"

Les rayons du soleil avaient déjà percé le feuillage des arbres lorsque Scylla ouvrit les yeux. Il se rendit vite compte qu'il manquait quelque chose dans le paysage... Sann n'était décidément plus là. Il se releva vivement et regarda aux alentours. Non, plus là. Il bouda pour la peine.

Se levant, le garçon décida de la chercher quand même, de toute façon, elle ne devait pas être bien loin. Il ramassa sa pierre et se mit en chemin. Bientôt il arriva dans un coin de la forêt qui lui était familier. Il ne pensait pas être allé si loin, mais sa rencontre avec Sann l'avait peut-être emmené plus loin qu'il ne le crut.
Ses pieds battaient sur les feuilles mortes au sol, mais on entendait rien d'autre, pas d'oiseaux ni d'autres animaux, rien.

Bientôt il entendit un cri, suivit d'un rugissement féroce... Mère Dragon devait avoir rencontrer Sann, car aucun animal dans la forêt ne s'avisait d'en approcher. Et comme aucun humain ne s'aventurait dans ces bois...

Il se dépêcha d'entrer dans la grotte et de foncer tout au fond, là où il savait résidait sa mère, accompagnée de tout ses trésors. Elle avait dû croire qu'on venait lui voler ses biens... Il continua dans la grotte à peine éclairée et arriva dans la grande alcôve ou trônait mère dragon sur son lit de feuilles et de pierres précieuse, face à une Sann, pas du tout rassurée... Aussi bonne combattante soit-elle, lorsqu'on se retrouve face à un dragon en colère, la balance à tendance à pencher de l'autre côté...

Content de voir Mère Dragon, Scylla sautilla jusqu'à celle-ci et sauta sur son ventre. Ses petites mains s'accrochèrent aux grosses écailles de son tour de cou, et il y resta suspendu.

"Scylla! s'écria Mère dragon, toute étonnée de le voir ici, tu pourrais m'expliquer ce qu'il se passe?" lui demanda-t-elle en langue "dragon" (le latin).

Scylla entreprit de lui expliquer par tout une série de gestes vagues et bizarres (qu'elle sembla comprendre malgré tout) que Sann était une gentille et qu'elle s'était juste perdue et qu'elle ne voulait certainement pas toucher à ses pierres précieuses, bien qu'il n'en sache rien, après tout.

Sann s'était aventurée dans la grotte dans le but de trouver un trésor ou quelque chose à battre car ça la démangeait un peu. Elle était bien tombée sur un trésor mais protégé par un immense dragon. Sann poussa un cri, elle n'en avait jamais vu en vrai et ça l'avait surprise. Elle s'étonna même de sa surprise, elle qui était pourtant courageuse d'habitude.
Sann prit sa hache bien serrée entre ses mains et se mit en posture de combat au cas où le dragon essayait d'attaquer. Elle affrontait son regard. Le dragon venait de rugir et Sann déglutit.

Puis elle entendit des bruits de pas, tout légers, courir vers eux et une masse blonde sauta sur le dragon. Sann lâcha sa hache par surprise en reconnaissant "Drai".

"C'est quoi ce bordel ?"

Il faisait pleins de gestes qui n'avaient pas de sens. Sann observa la queue de Drai et la queue du dragon.

"Oh merde c'est sa mère"

Elle attrapa sa hache et marcha à reculons, lentement, pour partir, espérant qu'ils ne le remarqueraient pas.

Maintenant assis sur l'épaule écailleuse de sa 'maman', Scylla entreprit de lui expliquer qu'il était content d'avoir croiser un autre de son 'genre'. Il ne connaissait évidemment pas d'où il venait, la dragonne ayant jugé bon de ne rien lui expliquer du passé. Elle regardait distraitement Scylla tout en observant du coin de l'œil Sann, qui essayait maintenant de partir à reculons sans qu'on la voie. Peine perdue...

"TOI!" rugit Mère Dragon. "Tu te nommes Sann, c'est cela?" lui demanda-t-elle en langage humain, tout en traduisant la conversation en signes pour Scylla.

Ce qui étonna Sann, mais aussi Scylla, qui ne savait absolument pas que sa mère savait parler ce langage. Il tapa de ses petits poings sur la cuirasse de la dragonne et lui demanda en signes pourquoi ne lui avait-elle pas dit, ni appris? A laquelle question, sa mère l'ignora superbement et continua de parler à Sann.

"Que fais tu en ces bois? Ne sais-tu donc point les risques que tu encoures en t'y aventurant?? J'aurais pu te manger, tu sais? Si Scylla ne t'avais pas entendu, tu serais en ce moment même en train de nager dans du suc gastrique...." continua-t-elle de sa voix rocailleuse.

Sann sursauta quand la dragonne l'appela. Elle était droite comme un piquet et avait encore fait tombé sa hache. Elle déglutit et prit son courage à deux mains... Enfin, autant qu'il le fallait pour pouvoir répondre à la grosse bestiole devant elle.

"Ouais c'est ça, j'm'appelle Sann... Et j'ai appelé votre enfant Drai mais je doute que ce soit son vrai nom, héhé..."

Sann observa Drai et se disait que c'était une mère indigne de ne rien lui avoir enseigné. On devait tout dire à son enfant, ce n'est pas les mensonges qui le protégeraient... Sann soupira, la dragonne après avoir ignoré majestueusement son enfant lui parla à nouveau.

"Je cherche ma route. Je viens d'un village non loin des bois et il a été brûlé par les Kazyukas... Alors je suis partie, non pas pour fuir, mais pour trouver un moyen de tuer la Reine qui les commande... Vous auriez pu me manger que ça m'aurait été égal, je n'ai plus peur de la mort"

Et Sann ne disait pas ça dans le vent. Elle s'en fichait de mourir à présent, elle avait déjà tout perdu. Donc après tout finir mangée par un dragon, c'est une mort originale. Sann avait reprit confiance en soi en parlant et ramassa sa hache.

"Sauriez-vous m'indiquer la sortie de la forêt, ou un village dans les alentours ? Si vous préférez me manger plutôt que m'aider, allez-y, je vous aurais au moins posé la question..."

La 'grosse bestiole' et Scylla fixaient Sann depuis quelque minutes de ces deux grandes paires d'yeux presque identiques (si ce n'est la couleur) lorsque mère Dragon reprit la parole:

"Oooh, alors tu es impliquée dans cette guerre?" dit-elle, en passant un long doigt griffu sur son museau "Depuis le temps, je pensais que la Reine-sans-Nom avait été déposée... Alors il n'en est rien."

Elle changea de position, attrapa Scylla qui fit une grimace dans sa grosse patte et le reposa à terre, puis continua ses signes.

"Ta quête est noble jeune demoiselle, et bien que tu sois résignée, je ne te mangerais pas. Je pense que cette guerre idiote a assez duré. Si tu es celle qui doit y mettre fin, il n'y a pas de raison que je te retienne. Par contre j'aurais une faveur à te demander..."

Mère Dragon marqua une pose.

"Accepterais-tu d'emmener Scylla avec toi?" demanda-t-elle enfin à la jeune femme en face d'elle.

Sann ne le montra pas mais quand la dragonne lui dit qu'elle ne la mangera pas, elle était tout de même rassurée. Elle avait bien fait de lui parler de la guerre. Mais la dragonne lui demanda une chose... Sann l'observa prendre son enfant pour le poser au sol.

"Accepterais-tu d'emmener Scylla avec toi?"

Sann déglutit. Emmener un gosse ? Avec elle ? C'est encombrant un gosse généralement. Elle regarda Drai et haussa un sourcil. Elle réfléchissait. Après Drai lui avait été bien utile avec les poissons... S'il apportait la nourriture, ça lui serait bien pratique. Le problème c'est qu'elle n'aimait pas trop parler dans le vent, bien qu'elle parle souvent toute seule mais elle s'en rend pas compte. Mais pour la nourriture, elle pouvait bien faire ce sacrifice...

"Hm... D'accord, s'il le veut. C'est lui qui choisit, je ne le rejetterai pas..."

Après tout, peut-être que Drai n'avait pas envi de venir avec elle. Sann regarda la dragonne et reprit :

"Mais... C'est quoi son vrai prénom ?"

La dragonne entrouvrit la bouche, laissant apparaître sa magnifique (et dangereuse) dentition, dans un geste qui devait signifier qu'elle souriait.

"C'est Scylla. Son nom. Normalement les bébés dragons obtiennent leurs noms de leur père mais hum... J'ai dû nommer les miens toute seule. Le problème c'est qu'il est a moitié humain, et je ne veux pas qu'il perde sa vie à rester dans cette forêt."

Scylla regarda avec étonnement Sann et sa Mère. Quelle chose stupéfiante. Il allait partir en voyage? Chouette. Ça devenait intéressant.

"Oh, ne t'inquiète pas, il est tellement curieux qu'il suivrait n'importe qui... Évidemment, pour ce qui est de la communication, ça risque de ne pas être facile tout les jours... Mais il apprend vite et au bout de quelques jours vous vous comprendrez un peu mieux. Tu as dû remarquer qu'il ne parlait pas? En fait, je ne sais absolument pas pourquoi... Mais si tu compte savoir ce qu'il veut te dire, tu devrais peut-être lui apprendre à écrire." expliqua-t-elle.

Scylla se rendit compte qu'il commençait à mieux déchiffrer cette étrange langue. En fait, cela n'était pas si éloigné de la sienne. Le problème c'est que le sens de certains mots lui passait complètement au dessus, car ils n'existaient pas dans sa langue...

"Je dois aussi t'informer qu'étant à moitié-dragon, il possède certaines... Caractéristiques propres à notre race. Il a un don magique. D'ailleurs, ça me peine de le dire, mais tu m'a surprise juste pendant ma sieste, sinon, tu serais passée devant la grotte sans la voir..." admit la dragonne en secouant la tête.

Scylla s'était assis et écoutait la conversation intensément, essayant de se rappeler le plus possible des mots qu'il entendait. A l'intonation des voix, il comprenait déjà plus de choses...

"Et comme je ne suis pas ingrate..." continua Mère Dragon en se retournant "Je vais te donner ceci, pour t'aider dans ta quête. Et te remercier." dit-elle en ramenant entre ses griffes une grosse bourse en cuir qui appartenait à feu Jillin le preux, mercenaire envoyé par un village pour délocaliser la dragonne et dont les os ornaientt maintenant le sol de sa grotte. Elle déposa le sac devant Sann.

"De l'or. Il me semble que cela qui a cours par chez vous."

"Oh Scylla"

Sann regarda l'enfant en question et se dit que c'était un prénom très féminin pour un garçon. Même si à première vue il ne faisait pas très garçon...
Sann écouta les explications de la dragonne sans rien dire. Lui apprendre à écrire... Elle n'avait jamais été enseignante et improviser des leçons d'écriture à un gamin primaire... Ça lui faisait un peu peur.

Sann haussa un sourcil quand la dragonne parla d'un pouvoir magique. Elle essaya de lui demander quel était ce pouvoir mais la dragonne enchaîna sur autre chose, bien déterminée à la laisser le découvrir par elle-même apparemment.

Puis la dragonne mit un sac en cuir devant Sann. Celle-ci se pencha pour le ramasser et l'ouvrit. En effet, c'était de l'or. Sann écarquilla les yeux.

"Putain..."

C'était sorti tout seul. Elle qui s'était forcée à paraitre polie. Mais elle venait de recevoir beaucoup d'argent, c'était comme gagner au loto. Elle ne savait plus quoi dire et était un peu déstabilisée. Sann referma la bourse et reprit ses esprits. Elle regarda à nouveau la dragonne.

"Merci pour ce cadeau, et merci de me faire confiance. Je m'occuperais de votre fils du mieux que je pourrais !"

Sann regarda le garçon et tendit la main.

"Viens Scylla, on va essayer de sortir de la forêt"

A l'appel de son nom, Scylla releva la tête. Il était très absorbé dans ses pensées et il se rendit compte que la discussion s'était terminée. Sann lui tendait la main, de l'autre côté, sa mère le regardait intensément.

Puis elle rouvrit la bouche et lui parla dans sa langue natale, pour lui donner quelques indication (Fais ce qu'elle te dit, porte-toi bien, fais attention à toi, et au fait, pour sortir de la forêt, vous passez par là, puis par là etc.)

"Bon, je vous aurais bien emmener jusqu'à la lisière de la forêt, mais je ne peux pas sortir, ça serait trop dangereux pour nous tous... J'ai donné les explications à Scylla, il devrait être en mesure de vous faire sortir." expliqua-t-elle. Elle rajouta "Bonne chance et portez vous bien." puis posa son énorme tête sur ses pattes avant croisées et se rendormit.

Scylla regarda Sann et pris sa main.

Ils sortirent de la grotte et Scylla suivit les explications de Mère Dragon pour les en faire sortir. Bientôt, ils atteignirent la lisière de la forêt.

Sann et Scylla étaient enfin sortis de la forêt. Le premier pied hors des bois et Sann hurla :

"YOUPIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII"

Elle se tourna vers Scylla et lui fit un grand sourire.

"Putain c'est trop bien ! Tu vas voir j'vais te faire découvrir pleins de truc ! A manger ! Du sucre, je suis sûr que tu vas kiffer le sucre ! Et un lit bien douillé ! Le feu d'une cheminée au soir ! Pas d'alcool, trop jeune... Mais la musique ! T'as jamais du en entendre ! Et chuis sûre que tu comprends rien de ce que je te raconte mais tant pis c'est trop bien ! Tu verras ça, putaiiiiiiiiiiiiiiin !"

Sann reprit son souffle. Elle mit ses mains sur les épaules de Scylla, se mettant à sa hauteur et lui dit :

"On va trouver... Un village !" Dit-elle en articulant bien le dernier mot. "En route !"

Et les deux compagnons se remirent en marche. Au bout de plusieurs minutes, la silhouette d'un village se dessina à l'horizon.

"Scylla !" Sann pointa le doigt vers la silhouette "C'est un village !"

Ils marchèrent donc vers le village et entrèrent par une grande porte. Ils se firent arrêtés par un garde.

"Halte voyageurs ! Qui êtes vous et que venez vous faire dans notre paisible village armés ainsi ?"

"Je m'appelle Sann ! Et voici mon petit frère, Scylla !"

"Votre frère ? Il porte un étrange costume et votre hache êtes immenses, êtes-vous des Kazyukas ? Nous avons signés un pacte avec votre Reine !"

Sann fronça des sourcils. Il ose la confondre avec une Kazyuka ? Elle s'efforça de ne pas le transformer en homme tronc avec sa hache.

"Nous sommes ici pour nous reposer, nous partirons demain dès l'aube"

Le garde les laissa entrer, Sann se promit qu'elle le décapitera avant de partir. Histoire de... Il y avait un marché au village, elle y traîna Scylla. Sann voulait lui acheter des vêtements dignes de ce nom, le pauvre était simplement habillé d'un t-shirt. Ils s'arrêtèrent devant un stand de vêtement pour enfants. Elle acheta un pantalon, un slip, un t-shirt et les mit dans son sac. Elle lui fera essayer une fois arrivés à l'auberge....